HISTOIRE DU TIR A L'ARC A LA PERCHE VERTICALE
Depuis HOMÈRE
On peut s'interroger sur cette curieuse tradition qui semble se perdre dans la nuit des temps.
L'Odyssée fait déjà mention d'un tir sur perche organisé pour le retour d'Ulysse.
Les origines demeurent lointaines et mystérieuses. Faisant écho aux techniques de chasse, le tir à l'arc vertical renvoie aussi à l'habileté des archers,
qui visaient les ennemis en haut des remparts, ou encore à la curieuse habitude de tirer sur les ailes des moulins en temps de paix.
Lors de certaines commémorations militaires, des démonstrations de tir étaient organisées aux portes des villes.
Les marins, pour se distraire, attachaient des oiseaux (vivants) en haut des mâts.
Le mot « papegai » désignant les oiseaux est la déformation flamande de « perroquet »
En terre flamande
La petite histoire des archers rejoint la grande histoire des terres de Flandre et d’Artois.
Au XIIIe siècle, Philippe Auguste met en place au nord de son royaume des milices d’archers. Au XVe siècle, ces compagnies s’organisent en corps de métiers
et prennent le nom de francs-tireurs.
Les ghildes s’affrontent au cours de tournois. C’est au XVIe siècle que les villes du Nord se dotent d’espaces pour ériger une « Eschampersche » (perche verticale)
Mais, au XVIIIe siècle, la réputation des ghildes est désastreuse. Pendant la Révolution, les milices sont dissoutes.
Au XIXe, le jeu revient en force, et des associations sportives remplacent les anciennes ghildes.
Ainsi, depuis trois siècles, ce sport, uniquement pratiqué dans la région Nord Pas de Calais, en Belgique et aux Pays-Bas, a su préserver ses règles et ses usages.
Gloire aux archers
Au XXe siècle, l’esprit communautaire n’a pas totalement déserté ces associations.
Les noms des sociétés en sont l’écho: l’Alliance, la Fraternelle ou l’Union exaltent la notion de solidarité, tandis que les Bras de fer, les Francs Archers
ou Guillaume Tell font référence à l’histoire.
Saint-Sébastien reste le nom le plus prisé!
C’est en 1910 qu’a été créée la Gloire aux archers (voir plus bas), un hymne que l’on chante encore aujourd’hui.
Si les bannières ont souvent été remplacées par des drapeaux tricolores, l’insigne créé en 1930 pour les administrateurs de l’UAANF arbore toujours la croix
de JERUSALEM.
Jadis, les charges d’archers du roi étaient réservées à l’élite. Au début du siècle, seule la bourgeoisie avait encore accès à ce loisir.
Des tirs étaient organisés le lundi pour les commerçants.
Pour entrer dans une société d’archers, il fallait trouver deux parrains, passer devant une commission et afficher... un casier judiciaire vierge.
Après la guerre, le tir à l’arc vertical se démocratise, il devient et bon enfant. Désormais, il s’identifie à un ter fier de son passé et fidèle à ses traditions.
Saint-Sébastien
Dans la religion chrétienne catholique, 22 saints et saintes sont associés à des emblèmes comprenant l’arc ou la flèche.
Pour trois d’entre eux, cette association rappelle leur supplice : St Edmond, Ste Ursule et St Sébastien
Né probablement à Milan (ou Narbonne selon les auteurs), Sébastien est martyrisé à Rome, et enseveli dans une catacombe sur la Via Appia, près de la basilique
qui porte son nom. A partir de là, la légende exposée dans les Actes de Sébastien (Ve siècle) a largement brodé.
Enrôlé à Rome vers 283, Dioclétien le nomme commandant de la garde prétorienne, sans savoir que Sébastien est chrétien.
Il ne cache pas son activité de prosélyte: il est arrêté et condamné à mourir sous les flèches de deux soldats.
Laissé pour mort il est recueilli et soigné par Irène, veuve du martyr CAS TALUS. Guéri, il va défier l’empereur qui le fait lapider (ou bastonner) à mort.
Sous le règne de Charles le Chauve (840-877), l’évêque de Soissons fait le vœu de faire venir des reliques de Saint-Sébastien dans son diocèse.
Pour ce faire, il arme chevaliers les archers de la Compagnie de Soissons et les charge de cette mission.
Cette chevauchée accomplie par des archers à vocation de fantassins, rapportant des reliques aux abbayes de Saint Médard et de Saint-Waast, est à
l’origine de la "Chevalerie de l’Arc".
Saint-Sébastien est bien évidemment le saint patron des archers.
Un loisir convivial
La journée de tir se rythme à coups de tournées de bière ou de petit vin blanc. La tradition veut que l’on paie son verre entre
deux tours... gagnants ou perdants !
L’entre jeu est aux archers ce qu’est la troisième mi-temps aux rugbymen!
Ce rituel nous rappelle qu’à l’époque de Philippe Auguste, les francs archers étaient exempts de taxes sur le vin. Les copains d’abord... les archers cultivent
la convivialité.
Ce n’est pas par hasard si certaines sociétés ont choisi comme siège un de ces estaminets chaleureux et bruyants, hauts lieux de résistance de la culture flamande.
Les compétitions s’achèvaient traditionnellement par des banquets à la Bruegel.
Dans beaucoup de confréries, on y célèbre encore le vainqueur d’un «vivat flamand».
La saison débute après le congré, début mars suivie du tir du roi. Il y a encore quelques années, elle se clôturait fin octobre pour laisser place aux tirs
horizontaux. De nos jours, le tir se continu l’hivers, en extérieur, pour le championnat d’hivers au top sec.
De plus, au « Driehoëk» de Caëstre, la seule perche couverte de la région fait la joie des archers frileux tous les lundi après midi.
En janvier, Saint Sébastien est fêté au cours d’une messe et d’un banquet
Affaire de famille
A force de regarder ensemble dans la même direction, les archers finissent souvent par se marier entre eux sous une voûte d’honneur
composée forcément d’arcs. Lorsque l’enfant paraît, la naissance est fêtée par la société.
L’un des prénoms les plus prisés est Sébastien!
Les futurs archers sont inscrits parfois dès la naissance. Et ils reçoivent pour premier cadeau... un arc.
Les Sociétés
L’Union des Associations des Archers du Nord de la France, fondée en 1906 compte aujourd’hui 3 350 membres, dont près de 500 jeunes,
répartis dans les 84 sociétés qui s’étalent dans tous le Nord / Pas de Calais, en étant divisées en 3 secteurs géographiques:
* L’Artois,
* La Flandre Maritime,
* La Flandre Terrienne.
La vie de ces sociétés reste largement imprégnée par les pratiques religieuses.
Aujourd’hui encore, on baptise les perches. Devant l’assemblée des sociétaires, un prêtre bénit le mât, qui reçoit le prénom d’une femme championne,
de l’épouse d’un président de société ou de la fille d’un président.
Elle en est la marraine officielle, et des paquets de dragées sont distribués.
Gloire aux archers - Le chant
C’est en 1909, lors de son congré annuel que la Fédération adopte sa marche, du nom de Marche des archers, sur des paroles
Paul EVERWYN (régisseur de la société Saint Sébastien d’HAZEBROUCK) et sur l’air du Petit Panier.
L’année suivante, en 1910, le congré adopte son hymne, intitulé "Gloire aux archers", sur une musique de Jules KNOOR compositeur, éditeur à GRAVELINE),
et des paroles de E. GERVAIS.